Choisir un whisky c’est aussi se positionner sur le prix. Et la question du prix est souvent liée à l’instant et à l’occasion de dégustation que l’on prévoit. Que l’on soit plus Scotch que Irish, plus single malt que blend ou plus malt que whiskey (ou qu’on ne connaisse pas toutes ces notions et peu importe !), voici quelques clefs pour se repérer et viser le prix juste.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, on pose les bases. Du plus accessible au plus onéreux, il est possible de trouver des grands classiques et des valeurs sûres dans chaque catégorie de prix. Car, même si l’on peut parfois se perdre dans la multitude de goûts, de terroirs et de distilleries, cette richesse propre au whisky est le gage pour tout un chacun de trouver satisfaction quel que soit son budget.
Nous allons distinguer 2 types de whiskies :
-
Les whiskies d’initiation qui, loin d’être (tous) bas de gamme, sont des alcools disponibles à des prix proches de 20€ qui permettent à un novice de s’initier ou à un amateur de s’accorder des moments de dégustation sans prétention et en toute décontraction.
-
Les whiskies de dégustation (2ème partie de cet article) qui s’apprécient avec attention et discernement.
LES WHISKIES D’INITIATION : pour découvrir le whisky sec ou en cocktail
Découvrir le monde du whisky peut se faire de manière assez simple. Le cocktail, même s’il n’a pas une bonne image auprès des afficionados du whisky, est une bonne clef d’entrée. L' émergence des bars à cocktail a démontré qu’il est important d’utiliser les meilleurs ingrédients pour faire de bons cocktails, et il est possible de faire de très bonnes créations “maison” avec de bons produits et des recettes très simples.
Attention, 2 points importants à ce stade :
-
Tenir le style dans un cocktail n’est pas donné à tous les whiskies. Certains ne résistent pas à la dilution et c’est d’ailleurs un premier moyen d’évaluer leur qualité.
-
Un whisky de maigre qualité ne devient pas meilleur lorsqu’il est servi en cocktail. Il est donc important de choisir un whisky bien équilibré même avec un budget de 15-20€ car un whisky moyen donne forcément un cocktail moyen. D’ailleurs, beaucoup de whiskies dits « de soif » (souvent à moins de 13€) ne sont pas à recommander.
Voici une sélection de whiskies à moins de 25€ qui se prêtent très bien à l’usage cocktail
Pour les beaux jours, Haig Club (et sa fameuse bouteille bleue très remarquable) assure une dégustation parfaite allongée avec de la limonade artisanale ou du ginger ale ou même de l’eau gazeuse (et un peu de sirop de sucre pour les palais les plus gourmands). Pour 20€ environ, on a une manière simple mais qualitative de déguster un whisky. Haig Club se distingue puisque ce single grain délicat venu d’Ecosse a été imaginé pour être mixé et savouré en cocktails. Mais on peut décliner cette recette avec bon nombre de whiskies blonds autour de 15€ (blends ou blended scotch âgés de moins de 12 ans principalement) ou avec des whiskies américains Bourbon ou Kentucky.
Pour un cocktail plus traditionnel et plus sec qui permettra d’appréhender plus de saveurs de notre whisky, on peut se tourner vers le Old Fashioned : classique mais indémodable. Nous vous recommandons d’utiliser Bulleit Bourbon qui apportera du caractère à cette création, mais là aussi, Haig Club se prête bien au jeu.
Et bien sûr, on peut aussi déguster ces alcools purs ou bien sur glace, en les sirotant doucement, par toutes petites gorgées (et on ne le rappellera jamais assez : le shooter de whisky est inacceptable !).
LES WHISKIES DE DEGUSTATION : pour apprendre à apprécier tous les arômes du whisky
Pour apprécier un malt à sa juste valeur, on privilégie une dégustation sèche et idéalement dans un verre tulipe dont le corps fin et le buvant ouvert permettent d’exprimer au mieux les arômes au nez et le goût en bouche. On appréciera alors la lente évolution du whisky au nez et sur son palais et sa langue pour en appréhender toutes les saveurs. On laissera à chacun le choix d’ajouter un trait d’eau pour libérer certains arômes plus subtils.
Voici une sélection de whiskies de 25 à 55€ qui permettent de découvrir une grande richesse de styles
Single Malts du Speyside en Ecosse : des classiques à connaître, parfaits pour s’initier
De 25 à 30€, on a accès à des distilleries en Ecosse qui ont forgé l’histoire du scotch et plus globalement du whisky telle que Cardhu (distillerie à l’origine du style du « Speyside », plus grande région productrice de malt en Ecosse reconnue en partie pour la pureté de l’eau de son terroir), ou des fabriques moins connues mais tout aussi remarquables comme The Singleton Of Dufftown qui impressionne par la générosité de ses saveurs fruitées. Ces 2 malts sont parfaits si vous souhaitez débuter car ils sont très ronds et souples en bouche et offrent des saveurs fruitées riches mais plutôt faciles à appréhender.
On peut également découvrir la distillerie Knockando et notamment Knockando 12 ans qui permet de savourer un whisky vieilli en fûts de sherry (fûts ex-xérès en français) et de comprendre l’influence du vieillissement en fûts en le comparant à Cardhu et The Singleton.
Pour moins de 30€ toujours, on peut aussi s’initier à l’élégance fumée et à la complexité de Black Label, référence emblématique de Johnnie Walker souvent mal connue en France et qui gagne justement à être connue ! Black Label est un assemblage riche issu en majorité de malts du Speyside (dont Cardhu et The Singleton) et dont la finale délicatement fumée est caractéristique des malts de l’île d’Islay. Une bonne entrée en matière pour découvrir le goût tourbé avec une expression délicate et accessible ; et de tester son palais en recherchant les notes fruitées de Cardhu et The Singleton.
Explorer ces différents styles et goûts attise bien souvent la curiosité. Au fil de son initiation, on peut partager ses moments de dégustations et ses impressions avec d’autres amateurs. Il est alors temps de découvrir de nouvelles distilleries, des éditions plus confidentielles, voire de nouvelles régions emblématiques du whisky.
Whiskies du monde : pour aiguiser son palais et ses connaissances
On peut mettre le cap à l'ouest vers l’Amérique et partir à la rencontre d’une autre céréale : le seigle. Bulleit et notamment Bulleit Rye sera alors un bon choix pour découvrir le whisky américain. Composé à 95% de seigle (rye en anglais), il en possède toutes les caractéristiques acidulées. Il sera très bon dégusté pur (et vous commencerez peut-être même à dire « sec » ou même « neat ») mais on peut également l’utiliser pour une soirée cocktails ou pour un barbecue. Mélangé avec une ginger beer, il exprime parfaitement ses arômes.
Et sur ce chemin initiatique, pourquoi ne pas s’arrêter aussi en Irlande ? Après une période un peu calme côté whisky, cette région est désormais en pleine révolution. Le whiskey irlandais Roe &Co en est un parfait exemple. Cette distillerie fusionne les influences du monde de la brasserie et celles de la distillation avec un whiskey aux notes de malt très torréfiées. Une expérience de dégustation souple et très fruitée: l’un des meilleurs irlandais.
Whiskies tourbés : les chouchous des connaisseurs
Il est maintenant temps d’explorer le goût « tourbé ». De véritables monuments de la culture whisky sont à la portée de l’amateur averti une fois qu’il a commencé à forger son palais. C’est le cas de Talisker, la distillerie référente de l’île de Skye, connue pour sa tourbe légère et iodée qui fait penser à des embruns marins. Dans sa version de 10 ans, disponible uniquement chez les cavistes, ou dans sa version Talisker Skye accessible en grande distribution, le malt Talisker révèle un profil tourbé accessible en bouche, absolument unique et parfait pour s’initier au goût tourbé si particulier.
Et quand on parle de tourbe, comment ne pas parler d’Islay, cette île ouest-écossaise célèbre à travers le monde pour ses malts tourbés. On y trouve notamment Caol Ila : une distillerie qui offre une expression singulière de la tourbe, particulièrement dans sa jeunesse avec l’édition Caol Ila Moch, assez peu connue et disponible uniquement chez les cavistes, ce whisky propose tourbe fraîche et élégante avec un goût de fumée délicat et des accents minéraux très intéressants en bouche.
Toujours sur Islay, on peut partir à la découverte de Ardbeg, la « turbulente ». Cette distillerie a souvent cassé les codes et proposé de nombreuses innovations mais son 10 ans d’âge demeure un véritable classique de la tourbe puissante. A noter : sur des malts aussi tourbés qu’Ardbeg Ten, l’ajout d’un trait d’eau déverrouille les couches de saveurs masquées par le goût fumé de la tourbe et permet de découvrir de nouvelles facettes aromatiques… surtout quand on s’initie !
Enfin, véritable pilier de l’île d’Islay : LAGAVULIN. Si sa référence emblématique de 16 ans tend à se faire un peu rare parmi les stocks des cavistes et autres revendeurs, on peut se tourner non à regret vers le 8 ans. Pas question de se laisser piéger par l’âge. Dans cette expression, Lagavulin démontre son caractère brut et sans détour : un scotch qui ravira les palais les plus connaisseurs !
Blended Malts : le mariage des saveurs et des terroirs
Après cette découverte des grands terroirs du whisky, c’est le moment de découvrir les pure malts ou blended malts (des single malts de plusieurs distilleries associés pour leur complémentarité afin de créer un whisky encore plus riche et équilibré en bouche). Une référence en la matière est Green Label de Johnnie Walker : ce whisky n’est autre que l’union de 4 distilleries majeures (Cragganmore, Talisker, Caol Ila et Linkwood), orchestrées par l’un des plus grands Maîtres Assembleurs : Jim Beveridge. Et si son prix est doux, ce blended malt demande tout de même un minimum d’expérience pour être pleinement apprécier.
Arrivé à ce stade dans la découverte du monde du whisky, l’intérêt et la passion de l’amateur ne fait plus de doute. Et tout connaisseur le sait : les bouteilles préférées sont bues par petits centilitres car c’est le meilleur moyen d’en apprécier toutes les subtilités et c’est également une technique plus économique pour se constituer une collection large de whiskies. Pour les belles occasions, les célébrations ou les cadeaux, on peut alors se permettre d’explorer quelques bouteilles de prestige.
Voici une sélection de whiskies de 60€ et plus pour des moments d’exception
Les doubles maturations ou les finishing en fûts exotiques : pour les amateurs et connaisseurs
Une collection qui permet de découvrir des vieillissements en fûts de sherry et de porto parfaitement réussis et qui ne dénaturent pas le caractère et le style des distilleries mères est la collection « Distillers Editions ». On y retrouve des distilleries parmi les plus remarquables telles que Lagavulin, Talisker, Oban ou Caol Ila. Découvrir ces références c’est comprendre l’influence des fûts dits « exotiques » mais c’est aussi accéder à des références rares et produits en petits lots aux quantités limitées. A favoriser pour les palais suffisamment aguerris.
D’autres malts affinés en fûts de sherry sont très intéressants. Dans cette gamme de prix, Glenmorangie Lasanta et Dalwhinnie Distillers Edition portent haut le flambeau du finish en fûts de sherry avec des notes boisées et au fruitées très profondes et agréables en bouche. Mais notre coup de cœur est assurément Knockando 21 ans : l’un des meilleurs rapports qualité-prix sur le marché. Cette distillerie a d’ailleurs tendance à minorer son âge, mais un léger calcul entre le millésime présent sur l’étiquette et l’âge affiché de 21 ans démontre souvent qu’il est en fait plus vieux que sa mention d’âge. On apprécie son boisé aux notes de fruits secs, de pruneau et d’épices.
Whiskies plus âgés : pour les amateurs avertis
Une fois le palais et le nez plus aguerris et après avoir compris les grands styles des principales régions productrices de malt et autres whiskies, il est intéressant de redécouvrir certaines distilleries sous un autre jour en s’essayant à la dégustation de versions plus vieilles de grandes distilleries. A plus de 60€ on peut découvrir certains single malts vieillis plus de 18 ans, une étape dans la maturation où le style des industries prend souvent un tournant et évolue vers plus de profondeur et de structure en bouche. Avec cette longue période de vieillissement en fût, le malt s’oxygène plus longtemps au contact du bois ce qui intensifie le développement des notes de fruits rouges et de fruits jaunes de mêmes que les accents de céréale. Plein de caractère, les single malts de plus de 18 ans sont généralement des valeurs sûres et Cardhu 18 ans, The Singleton 18 ans et Johnnie Walker 18 ans ne nous ferons pas mentir !